Voici une série d’articles écrits par Daniel Chernet sur le schéma d’identités, apport de Carlo Moïso.

Ces articles n’étant plus accessibles sur son blog, c’est avec l’accord de Daniel que je les publie ici.

Bonne lecture.

 

Chapitre 4 – L’observation du masque

 

Pour Carlo Moïso, les masques se présentent souvent sous une forme facilement reconnaissable car caricaturale, on peut ainsi découvrir :

Le bon samaritain,
Le « brillant »,Le boute en train,
Le leader,
Le rebelle,
La mère de famille,
Le gentil fils,
Le toujours actif,
Le bourgeois,
Le bon médecin,
Le professeur bougon,
Le râleur…

Bien sûr, il n’est pas question de catégoriser les personnes en employant avec elles ce genre de qualificatifs, mais plutôt d’être capable d’observer et de comprendre que les comportements répétitifs ont un sens adaptatif (ils résultent d’une adaptation à un environnement dans une période précoce de la vie) et qu’ils ont été choisis dans une relation importante et ancienne.  Très souvent notre entourage nous renvoie sous une forme négative des éléments de notre masque (tu es speed, tu es gentil, tu es hautain, tu cherches toujours à te mettre en avant). Lorsque nous sommes ainsi définis, il nous est souvent difficile de répondre, parce que d’une certaine manière nous savons qu’il y a « un fond de vrai », mais nous souffrons car nous ne nous sentons pas acceptés tels que nous sommes. Si ces définitions sont répétées ou deviennent ingérables, nous allons « plonger » dans notre système scénarique et montrer un aspect de notre crapaud (rejeter / être rejeté) et les jeux psychologiques joués seront assez violents.

 

Attributions et étiquettes

Les attributions et les étiquettes sont généralement significatives du masque. Lorsqu’un père en présentant son fils âgé de 11 ans dit à son ami : « je te présente Matéo, mon fils, il est timide », il décrit à son ami le processus d’adaptation que son fils a choisi pour répondre aux attentes de son environnement. Le père décrit le résultat du processus qui s’est mis en place dans la relation et va ainsi en renforcer le résultat. Lorsque quelqu’un décrit à votre place des éléments de votre identité, vous pouvez soit vous révolter (mais alors vous n’êtes pas ‘timide’, soit accepter la définition qui est donnée de vous pour « passer au sujet suivant », ou ne plus être sous les regards.

Les attributions et étiquettes  (il est timide, il réussit tout, elle est sotte – comme Catherine Frot dans le film « Un air de famille » avec Jaoui et Bacri –, il n’est pas fait pour l’école, il saura toujours se débrouiller…) se basent sur des caractéristiques naturelles de l’enfant. Par exemple la gentillesse qui est une caractéristique possible d’un enfant va amener l’enfant à construire un masque social tranquille, adapté, peu affirmé. Son environnement pourra le traiter de faible, de timide ou trouver d’autres qualificatifs encore. C’est un point que je trouve personnellement important : les caractéristiques nécessaires dans le masque sont contenues dans l’enfant naturel. La personne autonome disposera donc toujours de la même caractéristique de gentillesse (Adulte et Enfant Libre) mais elle l’exploitera d’une autre manière que dans le masque, non systématique et ne sera pas la seule réponse mise en face de situations diverses. Le personnage de Catherine Frot qui est naïve (tellement naïve qu’on peut la juger bête lorsqu‘elle présente son masque) sera ainsi sincère dans sa personnalité autonome.

 

Tee shirt

Le personnage de scénario est composé du crapaud (identité adaptative profonde) et du masque (identité adaptative sociale), il s’agit des réactions adaptatives à un environnement qui ne répondent pas aux besoins évolutifs de l’enfant. Le personnage de scénario peut apparaitre facilement sous la forme du tee-shirt, selon l’appellation donnée par Eric Berne à des manifestations relationnelles particulières en deux temps : un premier temps, (l’avant du Tee-shirt) est constitué d’un message du masque, sous la forme d’un slogan comportant une invitation à entrer en relation et l’arrière du Tee-shirt, apparaissant lorsque la relation est constituée, est lui-même composé d’un message du crapaud également sous la forme d’un slogan. Ce slogan du crapaud est mis en évidence dans la relation lorsque celle-ci a pu s’installer grâce à l’apparence du masque. Lorsque CM donnait des exemples cliniques, il citait tel homme, discret, gentil et cajoleur lorsqu’il était dans une étape de séduction qui devenait un tyran domestique lorsqu’il vivait en couple. Il lui est arrivé de donner la métaphore suivante : il cachait un couteau dans un bouquet de fleurs. Lorsque les fleurs sont fanées, le couteau apparait.

Quelques exemples de tee-shirt :

Approche moi / je te tuerais

Aime moi / je te quitterais

Fuis moi / je meurs de te connaître.

 

Masque et rôle

Le rôle, c’est ce que nous sommes sensés faire en lien avec une position particulière : fils de, patron d’entreprise, coach, médecin… Pour Berne, le rôle est soit la fonction qui nous est attribuée dans un groupe, soit le jeu (dans le sens théâtral du mot) que nous jouons quand nous nous comportons comme « nous croyons que nous devons nous comporter selon notre métier ». Il nous est ainsi possible de jouer au thérapeute, jouer au père de famille, jouer au banquier, jouer au chef de service, jouer à l’écrivain. La correspondance avec le masque est donc simple : le masque est la manière dont nous nous montrons au monde. Dans l’exercice de notre rôle, cela pourra correspondre à la manière dont nous exerçons notre rôle en lien avec nos croyances sur la manière dont ce rôle doit être tenu.

Si nous prenons un professeur d’histoire géographie, il peut penser que son rôle nécessite une grande ouverture et acceptation des croyances de chacun, qu’il est souhaitable de donner aux enfants un sens critique par rapport à leur famille et cultures, qu’il faut faire autorité… et chacune de ces croyances l’amènera à remplir son rôle d’une manière différente.

Dans de nombreux coachings prescrits, il est attendu que le manager, futur coaché, développe son adaptabilité. Ceci peut être apparent dans certaines commandes, ou bien transparaitre dans les discussions préliminaires à la réalisation du coaching. L’objectif caché n’est pas que la personne développe son autonomie (même si cela peut être la commande), mais sous couvert d’accompagnement, qu’elle adapte son masque au contexte particulier de l’organisation.