Un extrait de mon livre paru en janvier 2022, « Intervenir dans les organisations avec l’analyse transactionnelle – La théorie organisationnelle de Berne à l’ère du digital ».

Ce passage présente un lien entre les signes de reconnaissance et le temple de soi, là où se construisent la confiance et l’affirmation de soi.

Quasiment tous les philosophes se sont intéressés à la signification « d’exister ». Selon Hegel[1], entre autres, l’existence se matérialise par la reconnaissance car il s’agit du levier de la conscience de soi. Quand le bébé arrive au monde, il entre dans une multitude de sensations dont il ne sait se différencier. Ce n’est qu’au contact des stimuli des figures maternantes qu’il prend conscience de sa propre existence, la conscience de soi. Plus tard, l’enfant puis l’adulte, cherchera à être reconnu parmi ses semblables en agissant conformément aux codes culturels. Par ses travaux scientifiques s’il est chercheur, ses livres s’il est écrivain ou en brûlant une voiture s’il est délinquant. Par ses actions la personne affirme ce qu’elle souhaite être aux yeux des autres et des siens. Nous n’existons socialement qu’à travers le regard des autres et c’est ce qui motive la quête sans fin de signes de reconnaissance.

L’identité se construit sur la conscience de soi et vise l’affirmation de soi. Nous représentons ce processus par « le temple de soi ».

Le signe de reconnaissance inconditionnel porte sur l’être. Aussi, en faisant le lien avec la conscience de soi, nous constatons que sa pratique va au-delà d’une expérience verbale. Tout contact social peut être considéré comme un signe de reconnaissance inconditionnel : « être embrassé, serré dans les bras, regardé amicalement, amoureusement ou méchamment, accepté dans un jeu ludique, recevoir un simple bonjour… » vient renforcer cette sensation d’exister pleinement.

Recevoir des signes de reconnaissance inconditionnels positifs permet de se sentir exister aux yeux des autres, de se sentir aimé, au moins par les plus proches. C’est d’ailleurs le symbole du « like » sur les réseaux sociaux, un cœur pour valoriser quelques mots ou une image. Se sachant aimée, la personne pourra plus facilement s’aimer elle-même, et donc développer l’amour de soi.

C’est la valeur accordée par autrui qui induit celle que chacun peut s’accorder, aussi appelée l’estime de soi. Amour et estime facilitent la construction d’une bonne image de soi.

Ce processus est à différencier de celui basé sur l’amour propre, né de la compétition avec autrui. L’amour propre est une comparaison. La personne souhaite « être meilleure » que son voisin, au-delà de toutes règles et tous enjeux, ce qui l’amène à se survaloriser. L’image de soi prend alors des proportions inconsidérées. Elle devient plus importante que soi-même et peut se transformer en une obsession identitaire telle qu’on le voit parfois chez les adolescents ou chez Narcisse qui tombe amoureux de son image.

Positive et mesurée, cette solide assise va faciliter la capacité de la personne à oser, c’est à dire, à avoir confiance en soi. Les signes de reconnaissance conditionnels, qui portent sur le « faire », viendront renforcer cette confiance, clé de la réussite. La personne osera également argumenter son propre point de vue, elle saura s’affirmer quand cela sera nécessaire.

Entraînement

Entraînez-vous à donner au moins un signe de reconnaissance conditionnel par jour, en milieu professionnel ou personnel. Cela peut vous paraître mécanique au début si vous n’avez pas cette habitude. Par la suite, cela deviendra spontané et vous ne compterez plus les signes de reconnaissance distribués dans une journée.

Comme expliqué plus haut, cela va apporter de la satisfaction à celui qui reçoit mais aussi à celui qui donne. Quoi de plus gratifiant de voir que son action rend les personnes plus confiantes, plus heureuses.

L’intérêt complémentaire de l’exercice est le développement de vos capacités d’écoute et d’observation, ce qui devrait également augmenter votre empathie.

[1] Georg Wilhelm Friedrich Hegel – Phénoménologie de l’esprit