analyse transactionnelle, jeux psychologiques, théorie organisationnelle de Berne

La Théorie Organisationnelle de Berne est une approche systémique des organisations, un des concepts de l’analyse transactionnelle, dont Eric Berne est le fondateur.

Elle permet de différencier, entre autres, les organisations des individus, les personnes morales des personnes physiques. Cela peut surprendre, mais cette confusion est quotidienne. Il est fréquent d’entendre dans les entreprises, « c’est la faute à la production », « la comptabilité ne fait pas son travail »… L’effet pervers d’une telle généralisation est qu’elle ne désigne personne et tout le monde en même temps, d’où l’impossibilité de traiter les problèmes au bon niveau.

La police étant une institution, dire de la police qu’elle est raciste ou parler de violences policières, c’est confondre l’institution et les personnes qui la composent. Sans une prise de recul nécessaire sur l’abus de langage, le ressentiment provoqué chez certains et la victimisation affichée par d’autres est une porte ouverte aux jeux psychologiques.

Regardons l’actualité de cette dernière semaine en utilisant le Triangle Dramatique de Stephen Karpman, un outil pour comprendre le mécanisme des jeux psychologiques.

La victimisation de la famille Traoré, suite à l’arrestation qui a mal tourné et provoqué le décès d’Adama est une amorce pour aller chercher du soutien auprès d’une foule touchée par l’émotion d’un autre décès, celui de George Floyd aux Etats Unis. Nous pouvons attribuer le rôle de Victime à la famille Traoré, de Sauveteur à la foule indignée qui bat le pavé et celui de Persécuteur à la police.  Ceux qui connaissent l’analyse transactionnelle savent que les rôles changent dans les jeux. Le ministre de l’Intérieur à son tour entre dans le triangle auprès des Sauveteurs. Il a vraisemblablement un déclic qui lui fait prendre conscience de l’inconfort de la situation et annonce l’arrêt d’une technique d’interpellation, « l’étranglement ». Instantanément son rôle change, il devient à son tour Persécuteur. Les policiers déposent leurs menottes à terre un peu partout en France. Ils sont alors passés dans un rôle de Victime. C’est le principe des jeux psychologiques, ils ne résolvent pas les problèmes mais ne font que les déplacer. Parions qu’au prochain changement de rôle Christophe Castaner se retrouve dans celui de Victime.

Pour traiter le fond du problème, l’état du moi Adulte doit être aux commandes pour un questionnement et une analyse fine.

Pourquoi réduire l’arrêt des violences aux policiers ? Disons plutôt stop à la violence de tout bord ce qui pourra certainement contribuer à la baisse de celle des policiers concernés. Pour le reste il y a la justice, garante de l’application des lois de notre pays. Dans le cas d’Adama Traoré, les différentes enquêtes en cours vont permettre d’identifier les responsabilités des gendarmes et les circonstances qui ont entrainé son décès.

La victimisation est une manipulation qui tend à provoquer l’indignation de la foule suite à un événement. Dans le cas de la famille Traoré, il s’agit de la récupération de la mort de George Floyd et d’en tirer parti pour faire entendre sa voix. Deux évènements qui n’ont rien à voir à l’exception de la couleur de peau des deux victimes.

À ce jour, aucune foule n’a pu enquêter et rendre justice.

Pour aller plus loin :

Sciences Humaines – Les effets pervers de la victimisation – Régis Meyran

Manuel d’analyse transactionnelle – Stewart et Joines – InterEditions